Les 4 SAISONS du MARAIS de BAILLON

A partir de l'abbaye de Royaumont nous avons effectué 4 sorties, une par saison avec le même parcours aventureux.
Il s’agit d’un circuit
en boucle, à partir
du chemin de la Reine Hortense bordé de grands peupliers, nous pénétrons dans la forêt en suivant les traces des animaux et gagnons le marais avec ses passages parfois difficiles au bord de la Thève.
Ce circuit nous a permis d’observer l’évolution de la nature au fil des saisons, consigné dans nos observations et illustré par les photos des participants.




COMPTE RENDU SORTIE HIVER DU 14 février 2016


   Malgré des prévisions météos défavorables qui ont conduit certains participants à se désinscrire la veille,
nous avons effectué notre visite avec le soleil.

Le bois
Après un petit parcours sur le chemin de la reine Hortense bordé de grands peupliers noirs nous rentrons dans le bois sur la piste des animaux. Hormis quelques arbres tombés, la pénétration est assez facile contrairement au marais où la végétation est plus dense. Le bois contient des robiniers, remarquables à leur écorce crevassée, des charmes, des chênes et beaucoup de cépées de noisetiers. Le bois mort accueille de nombreux champignons lignicoles, certains sont très colorés comme la jaune trémelle mésentérique, d’autres présentent des formes curieuses comme l’oreille de Judas ou forment des graphiques intéressants comme le Schizophylle commun, la Stérée hirsute ou la Tramète versicolor.
Nous longeons le marais en restant dans la partie forestière. Les ficaires et les jacinthes qui pointent leurs premières feuilles, auront certainement du mal à produire des tapis jaunes et bleus, tant les sangliers les malmènent. Certaines souches ont été polies suite aux frottements  de ces animaux après leur bain de boue. Le sol largement labouré par leurs boutoirs reste toutefois assez sec car la roche mère est sableuse comme le démontre le monticule d’une taupe qui a extrait du sable jaune de sa galerie. Nous assistons aux acrobaties de deux écureuils roux qui passent de branches en branches dans les frêles frondaisons des arbres, libres de toutes feuilles en cette saison.
Derrière le parking de l’abbaye des vaches pâturent. Leur rôle est de maintenir la végétation basse au sein de la prairie humide dont une partie qui a été débroussaillée. Le milieu sera ainsi plus favorable à certains oiseaux limicoles et aux oies dont quelques-unes en provenance de l’étang du grand Vivier nous survolent.

Le plateau
Le sous-sol du plateau est constitué d’une ancienne décharge dont les résidus affleurent par endroit. De ce fait il favorise une végétation nitrophile dont nous observons la repousse sureau, ortie, ronces… Des tiges sèches de tanaisie, grande berce, solidages… subsistent. Avant d’être remplacées par de nouvelles pousses, elles auront servi de cachettes et de support de ponte à différents insectes et araignées. Les noisetiers terminent leur floraison, au milieu des nombreux chatons porteurs de pollen, nous découvrons les discrets stigmates rouges des fleurs femelles.
Favorisés par la douceur de la température des dernières semaines, les lamiers rouges et blanc sont déjà en fleurs. Le lierre est en pleine fructification mais les oiseaux semblent le bouder trouvant assez de nourriture sur le sol non gelé. Seules les grives s’intéressent aux boules blanches du gui comme le prouvent les restes de fientes qui pendent aux branches. Elles contiennent les graines collantes du gui. Il suffit que l’une d’elles reste collée sur une branche pour entraîner sa germination et le développement de cette plante parasite. L’écorce de jeunes arbres est mangée par les chevreuils, parfois de manière irrémédiable. Nous débusquons deux petits marcassins qui se chauffaient au soleil près du chemin. Confiant dans leur camouflage rayé, ils ne partent qu’au dernier moment.


Le marais
Nous nous rendons près de la Thève au bord de la prairie située près de la maison du marais. Un énorme saule s’élevait autrefois à cet endroit. Il ne reste plus que sa souche sur laquelle on distingue les restes d’un gros polypore soufré, sans doute à l’origine de la chute de l’arbre. La Thève forme une frontière naturelle entre le Val d’Oise de l’Oise. Elle prend sa source à 111 m d’altitude en Seine et Marne à Othis et effectue un parcours de 33,5 Km en traversant 13 communes. Elle alimente l’étang de l’Epine près de Mortefontaine et les étangs de Commelles près de Coye la forêt. Un de ces bras, la « Nouvelle Thève » alimente les bassins du château de Baillon, l’abbaye de Royaumont et les étangs de pêche du Moulin. Les deux rivières se rejoignent avant de se jeter dans l’Oise près de l’écluse de Boran sur Oise. En descendant au milieu du marais le chemin devient de plus en plus humide et nous devront renoncer à joindre le bord de la Thève qui est tout inondé. Au loin la ligne mauve des aulnes porteurs de chatons, signale l’emplacement de la rivière. La terre noire tourbeuse a laissé place au sable du sous-bois, de nombreuses traces d’animaux sont visibles.
Nous longeons les petits étangs et traversons le marais en suivant une des nombreuses pistes de sangliers pour rejoindre le chemin. La végétation sèche de l’année passée est encore bien présente mais déjà les feuilles vertes des futurs Carex pointent à leurs pieds. Sur le retour, nous admirons quelques grands hêtres dont certains sont tombés victimes des champignons qui fragilisaient leur bois. 

PHOTOS DES PARTICIPANTS

COMPTE RENDU SORTIE PRINTEMPS DU 29 mai 2016

Dommage pour les « frileux » qui se désistent par crainte d’une météo défavorable. Le mauvais temps a aussi du bon comme le prouve cette sortie du dimanche 29 mai qui nous a permis d’effectuer de nombreuses observations.
Certes par mauvais temps, les petites bêtes sont plus discrètes, et se dissimulent. Il faut avancer doucement et chercher plus attentivement pour découvrir leur cachette. Mais étant moins actives, elles se livrent plus facilement à nos observations et à se plient volontiers aux fantasmes des photographes qui leur font prendre des poses parfois osées.
A noter que la sortie de l’année dernière effectuée à la même date sous la pluie nous avait permis aussi l’observation de nombreux insectes.

Le plateau
Saules et peupliers ont libéré leurs graines, balayées par le vent et la pluie, elles s’accrochent aux tiges des buissons.
Les anthrisques en pleine floraison attirent les insectes : scarabée à tarière, tenthrèdes, punaises rayées…
Suspendue à une herbe, une éphémère s’offre à nos objectifs impatients.
Un superbe bombyx de la ronce mâle attend un peu plus de chaleur avant de partir de son vol effréné en quête d’une femelle. Nous rappelons que ce papillon nocturne qui vole même en plein jour, se pose rarement vu qu’il ne se nourrit pas. Une chrysomèle verte aux reflets irisés est posée sur la menthe. Mais ceux qui ignorent son moyen de défense en restent pour leurs frais, elle se laisse tomber dès la moindre vibration, fait la morte et  disparaît dans les entrelacs d’herbes et d’orties. Plus loin un cardinal exhibe sa magnifique parure rouge écarlate.
Découverte de plusieurs Timarches crache-sang. La larve se nourrit sur sa plante favorite : le gaillet. La lumière tamisée du ciel nuageux est idéale pour faire ressortir la couleur mordorée de sa peau noire.
Avant le marais, des massifs d’orties très denses abritent des pucerons ce qui nous permet de découvrir des coccinelles asiatiques aux multiples formes tandis que des fourmis récoltent leur miellat. Le sureau hièble toxique commence à se développer, tandis que le sureau noir étale ses fleurs blanches, à point pour les beignets et le vin.


 Le bois
Le développement des feuilles apporte de l’ombre au sol forestier. La végétation est moins exubérante que sur la lisière mais il reste encore de nombreuses alliaires qui achèvent leur fructification, les feuilles jaunissantes des ficaires vont bientôt disparaitre en attendant le prochain printemps.
L’humidité importante favorise le maintien de quelques champignons. L’oreille de Judas est présente sur quelques sureaux, la fleur de tan (Fuligo septica, champignon myxomycète) illumine le sous-bois de son jaune vif, qui se fixe après que son plasmode se soit déplacé sur une vieille souche, telle une amibe à la recherche de nourriture. Une clavaire dresse ses tiges claires en forme de corail. Sur le sol nous découvrons une vesse de loup géante éclatée, elle est comestible à ce stade mais personne ne semble intéressé par une telle opportunité.
De nombreuses samares d’ormes sont dispersées sur le sol et les feuilles. Sur une souche, un ver luisant se dissimule, à la recherche d’un escargot à consommer. Accroché aux feuilles d’une ombellifère, un taupin souris refuse de faire une démonstration de saut, sous prétexte qu’il fait un peu froid.


Le marais
Les roseaux commencent à repousser. Seules les quelques personnes portant des bottes ont pu se rendre au bord de la Thève gonflée par les pluies récentes. Nous avons observé :
- quelques agrions dont Callopteryx splendens inféodé à l’eau courante de la rivière,
- des iris aquatiques avec leurs cortèges de charançons qui viennent s’accoupler dans les fleurs avant de pondre dans les futures graines dont se nourriront leurs larves
- un clairon des abeilles sur une inflorescence d’euphorbe des marais qui pousse les pieds dans l’eau non loin de la rivière.
- Des lychnis fleurs de coucou, très élégantes avec leurs fines pétales roses. 


PHOTOS DES PARTICIPANTS


COMPTE RENDU SORTIE ÉTÉ DU 31 juillet 2016


Sur le chemin subsiste un tapis blanc formé par les milliers de graines duveteuses des peupliers, un phénomène peu habituel à cette saison. On peut supposer qu’après le printemps très pluvieux, les arbres ont attendu une période de sécheresse plus favorable à la dispersion de leur fin duvet.

La forêt
En entrant sous le couvert forestier nous sommes accueillis par le ricanement du pic vert. Plus loin c’est le sifflement du loriot que l’on entend, le mythique merle d’or, souvent entendu mais rarement vu. 
Privées de lumière par le développement des feuilles, la plupart des plantes des sous-bois ont disparues du sol forestier. Seules quelques orties subsistent dans les taches de lumière, accompagnées parfois du circée de Paris. Notre cheminement est entravé par de nombreuses branches mortes qui se décomposent lentement sous l’action des champignons et des insectes xylophages. Ils contribuent ainsi à l’élaboration de l’humus en compagnie des feuilles mortes.
La blessure suintante d’un chêne attire des coléoptères de la famille des lucanes, des Dorcus ou petites biches. Il serait intéressant d’y revenir la nuit pour y surprendre des papillons nocturnes, en particulier des noctuelles très gourmandes qui affectionnent ce genre de milieu.
Le sol sablonneux est sec, seule une mare persiste près de la prairie, refuge de moustiques que les petites grenouilles et crapauds nouvellement sortis de l’eau ne parviennent pas à réguler malgré leur fort appétit.
La seule fleur observée est une orchidée : Epipactis helleborine. L’association avec des champignons permet à ces plantes de survivre dans des milieux sombres. L’absence de lumière rend la photographie difficile surtout quand la moindre pose attire une horde de moustiques assoiffés de sang.

Le plateau
La terre riche du remblai et les pluies abondantes du début de saison ont favorisés la pousse des végétaux dont certains dépassent les deux mètres de haut. Les plantes nitrophiles telles que ronces, orties, berces, solidage du Canada et sureaux prolifèrent. Malgré cette abondance végétale, les insectes restent assez peu nombreux même les cantharides fauves habituellement si nombreuses se font rares. Dans les herbes quelques decticelles juvéniles sautent à notre approche. Les chardons attirent quelques bourdons et des mouches de la famille des syrphes qui miment les hyménoptères. En particulier la grosse volucelle zonée que l’on prendrait volontiers pour un frelon si son corps plus large et ses antennes discrètes ne la trahissaient pas. Une belle  clytre lustrée dont la larve parasite les fourmis se repose près d’une fleur, elle se nourrit habituellement de feuilles de saule. Les sureaux hièbles sont en pleine floraison, deux cétoines dorées se gavent de pollen en dévorant les étamines. Sur les parties plus sèches poussent des touffes d’origans malheureusement vides de papillons à part un vulcain qui se chauffe au soleil à proximité.


Le marais
La sécheresse toute relative permettra à l’ensemble du groupe de rejoindre le bord de la Thève, sans trop se mouiller. Au bord de l’eau se dressent quelques chandelles d’arbres morts. Les pics ont largement profité de ce bois ameublit par l’action des nombreux champignons lignivores pour creuser leur nid. Comme ils font chaque année un nouveau nid, les trous vacants sont réutilisés par d’autres oiseaux cavernicoles tels que mésanges, sittelles ou étourneaux en fonction du diamètre. Cette fois c’est une colonie de frelon qui s’est établie dans l’un des trous. Notons au passage que le frelon européen n’est pas l’affreuse bête nuisible à détruire. En nourrissant ses larves avec des proies vivantes, il contribue à réguler les excédents de chenilles et d’insectes. Il n’est pas particulièrement agressif, sauf si l’on s’attaque à son nid. Quelques calloptéryx volètent près de la rivière. Les fleurs printanières ont disparues, remplacées par les salicaires, reine des prés, lysimaques, eupatoire chanvrine qui surgissent par place au milieu des roseaux et laiches. De nombreuses racines d’aulnes se retrouvent déchaussées par le passage de l’eau du marais qui retourne à la Thève après les crues. Elles constituent quelques pièges supplémentaires le long de notre parcours sportif. Nous avons du mal à retrouver le passage qui nous avait permis d’observer au printemps les euphorbes des marais et nous nous frayons un passage dans cette végétation exubérante pour rejoindre le chemin. Heureusement la présence de l’eau ne permet pas le développent des ronces et des orties.

PHOTOS DES PARTICIPANTS